Le dossier de certification Maison Passive est maintenant entre les mains du certificateur français. Il est complet et précis, surtout si on le compare à celui déposé pour la demande de certification BBC Rénovation que nous avons fait l’année dernière. Il repose sur le construit réel et les appareils effectivement utilisés. Ce projet ayant été abondamment médiatisé, visité, et contrôlé par plus de 2000 photos, il reste très peu de place pour l’incertitude…
Outil central de ce projet, le PHPP est la feuille de calcul qui récapitule les besoins énergétiques et qui permet de vérifier que le bâtiment répond bien au standard de la maison passive. Solares Bauen vient donc de communiquer la dernière version de ce calcul.
Rappel : le PHPP donne de vraies valeurs et la consommation réelle est généralement légerement moindre que celle calculée. Il est donc aussi bien un outil de conception qu’un outil de prévision. Cela parait logique, mais ce n’est pas le cas des outils réglementaires utilisés par la RT2012 (ou BBC RT 2005) qui ne peuvent servir raisonnablement à la conception puisqu’ils ne peuvent prévoir les consommations réelles…
Deux surprises dans ce PHPP, une bonne et une mauvaise. La bonne, c’est que le besoin de chauffage est vraiment faible, bien aidé par une excellente étanchéité à l’air. Cela correspond bien au ressenti actuel.
La mauvaise, c’est le besoin en énergie primaire, qui s’approche de la limite. Et grâce au PHPP, vous avez immédiatement l’explication :
Sans surprise, le chauffage électrique par effet joule (les sèches-serviettes électriques des salles de bains) pénalise le bilan en énergie primaire. Ceci explique les réticences du PassivHaus Institute concernant ce mode de chauffage basique et gourmand. Mais ça passe, vus les très faibles besoins de chauffage de la maison.
Le vrai coupable pas vraiment attendu, c’est le chauffage de l’eau. Il demande plus que le chauffage de toute la maison ! En cause, les déperditions importantes dans le circuit de distribution d’eau chaude, telle que calculées dans le PHPP. Dans le calcul, les pertes dans ce circuit doublent l’énergie demandée pour chauffer l’eau, tout simplement. Cela annule (ou valide) le surdimensionnement des capteurs solaires qui n’apportent finalement que la moitié de l’énergie nécessaire au chauffage de l’eau.
La réalité devrait être plus verte : les longueurs de tuyau et même leurs diamètres sont moindres que celles présents dans le calcul, l’isolation des tuyaux a été soignée (quand ils ne sont pas enfouis dans 20 cm de mousse de polyuréthane), les déperditions réelles devraient être sensiblement diminués.
N’empêche : le PHPP a bien identifié le point faible du bilan énergétique et, en plus, le rend facilement accessible. Voilà qui pourrait orienter une amélioration future et servir de leçon aux futurs rénovateurs. Car ces déperditions sont dus à l’éloignement du ballon, placé au sous-sol au même endroit que l’ancien. C’est un exemple typique des contraintes de la rénovation !